L’élection présidentielle américaine de 2024 sera-t-elle un remake de 2020 ? Les deux finalistes de la précédente élection sont en tout cas désormais officiellement en campagne pour la prochaine : l’ex-président républicain, Donald Trump, en lice depuis l’automne, et l’actuel président démocrate, Joe Biden, qui a annoncé briguer sa succession, mardi 25 avril.
A un peu plus d’un an et demi du scrutin, qui doit se tenir le 5 novembre 2024, les annonces de candidatures pour les primaires des deux grands partis américains se multiplient. Mais les candidatures de MM. Biden et Trump apparaissent, pour l’instant, comme les plus solides, en l’absence de candidat alternatif crédible chez les démocrates, tandis que chez les républicains, Donald Trump, bien que fragilisé, reste le mieux placé.
Le Monde vous propose un tour d’horizon des profils des sept candidats déclarés, et de deux autres pressentis qui pourraient changer les pronostics du côté des républicains, à plus de cinq cents jours de l’élection.
Chez les républicains
Donald Trump, l’ex-président outrancier aux nombreux ennuis judiciaires
Agé de 76 ans, le 45e président américain (2016-2020) a déclaré officiellement sa candidature le 15 novembre 2022. Cerné par les enquêtes sur des affaires financières, des pressions électorales exercées en Géorgie en 2020 ou encore la gestion de ses archives de la Maison Blanche, il se jette à corps perdu dans sa nouvelle campagne électorale, dénonçant régulièrement « une chasse aux sorcières ». Il est depuis peu le premier ex-président à être inculpé par un tribunal.
Bien que toujours très populaire auprès de plusieurs franges de l’opinion américaine, sa nouvelle campagne pourrait se voir entravée au sein même du Grand Old Party, où les voix contestataires se sont multipliées depuis 2020.
Son âge – il sera âgé de 82 ans à la fin de son mandat s’il est élu en 2024 – est aussi vu comme problématique, tout comme ses outrances répétées qui ont fini par lasser une partie des troupes conservatrices. En l’absence d’adversaires de poids, il reste pour l’instant en tête des intentions de vote républicaines.
Nikki Haley, une ex-trumpiste qui prône le renouvellement
L’ancienne gouverneure de Caroline du Sud (2011-2017) et ex-ambassadrice des Etats-Unis aux Nations-unies (2017-2018) a été la première républicaine à se lancer officiellement dans la course à l’investiture présidentielle face à Donald Trump, le 14 février, lors d’un meeting organisé à Charleston (Caroline du Sud).
Agée de 51 ans, cette conservatrice assumée est une ancienne proche du président américain. Mais elle a décidé de prendre du large en ouvrant un chapitre critique sur M. Trump et en se présentant comme alternative à ce dernier.
Lors de sa déclaration de candidature, elle a lancé un appel à un renouvellement générationnel. Elle mise aussi sur l’intérêt des électeurs issus des minorités, son parti étant dominé par les figures masculines blanches, et présente une forme de sophistication dans son apparence et ses discours qui la distinguent des élus trumpistes les plus virulents au Congrès.
Ron DeSantis, le principal challenger
Face à Donald Trump, de nombreux républicains sceptiques placent leurs espoirs dans la candidature du gouverneur de Floride, Ron DeSantis, qui, à seulement 44 ans, est vu comme l’étoile montante de la droite dure. Il est le challenger le plus sérieux de Donald Trump au sein du camp républicain.
En 2018, cet ancien officier de la marine avait été élu de justesse à la tête de cet Etat du sud des Etats-Unis après avoir été soutenu par Donald Trump, dont il partage les idées mais pas les outrances. Depuis, il a pris ses distances et gagné en popularité en multipliant les coups d’éclat ultraconservateurs sur l’éducation ou l’immigration.
Ron DeSantis a formalisé sa candidature le mardi 24 mai, dans un document transmis à la Commission électorale fédérale. Puis il a lancé sa campagne lors d’un entretien sur Twitter, qui a tourné au fiasco technique, en promettant de « mener le grand retour de l’Amérique ». Une expression qui évoque le slogan phare de la campagne victorieuse de Donald Trump en 2016 : « Rendre à l’Amérique sa grandeur ».
• Mike Pence, l’ex-bras droit de Donald Trump devrait se déclarer
Après des années de loyauté indéfectible envers Donald Trump, son ancien vice-président, Mike Pence, a changé de ton après l’assaut contre le Capitole, le 6 janvier 2021, lors duquel l’ancien président a fait publiquement pression sur lui pour qu’il ne certifie pas les résultats de la présidentielle de 2020.
Ce chrétien évangélique âgé de 63 ans, farouche opposant à l’avortement, semble désormais déterminé à se lancer dans la course à la Maison Blanche. Il sillonne le pays, multipliant les prises de paroles dans des Etats susceptibles de faire la différence lors des primaires républicaines.
S’il n’a pas encore annoncé formellement sa candidature, il a déclaré, dans un entretien à la chaîne CBS, le 22 avril, qu’il finaliserait ses projets dans « des semaines, pas des mois », avec une déclaration de candidature prévue « bien avant la fin juin ».
Les « petits » candidats : Vivek Ramaswamy et Asa Hutchinson
Agé de 37 ans, Vivek Ramaswamy, entrepreneur multimillionnaire et auteur, s’est fait connaître pour ses positions contre le wokisme et sa posture ultraconservatrice assumée. Il dénonce notamment « une crise nationale identitaire », selon lui à l’œuvre aux Etats-Unis. Il a annoncé sa candidature le 21 février, sur le plateau de FoxNews, dans l’émission du désormais ex-présentateur vedette de la chaîne conservatrice Tucker Carlson.
L’ancien gouverneur de l’Arkansas (2015-2023) Asa Hutchinson, âgé de 73 ans, candidat depuis le 2 avril, fait partie des rares élus républicains à avoir osé critiquer ouvertement Donald Trump, notamment lors de l’élection de 2020. L’ancien élu conservateur affiche une posture anti-avortement assumée, ayant par exemple signé une loi interdisant l’avortement, y compris en cas de viol ou d’inceste, dans l’Etat qu’il dirigeait en 2021.
Chez les Démocrates
Joe Biden, le président, candidat à un second mandat à 80 ans
près des mois sans véritable suspense, Joe Biden a officiellement annoncé qu’il brigue un second mandat, mardi 25 avril, dans une vidéo publiée sur ses différents réseaux sociaux. L’actuel président américain, déjà le plus vieux jamais en exercice, achèverait son second mandat à l’âge de 86 ans s’il était réélu en 2024. Un point qui soulève des inquiétudes et sert surtout d’argument politique à ses adversaires républicains, qui ne ratent pas une occasion de critiquer son élocution parfois brouillonne, ses gaffes en public ou moments de confusion.
Reste que Joe Biden se veut rassurant, mettant en scène, depuis son arrivée au pouvoir, une image de lui dynamique et endurante et n’hésitant pas à prouver son état de « bonne santé », par la voie de bilans médicaux.
Dans cette nouvelle campagne, Joe Biden mise avant tout sur la continuité, répétant sa volonté de rendre sa « dignité » à l’Amérique populaire « oubliée », que Donald Trump a su en partie séduire. Il table notamment sur son bilan économique favorable, ainsi que sur les mesures qu’il a lancées en matière d’emploi, de santé ou d’éducation pour être réélu. Il se fait également le défenseur des droits et libertés individuelles pour toutes et tous, y compris des minorités, et se présente en rempart pour la démocratie américaine.
Alors que les démocrates attendaient sa déclaration officielle de candidature, aucun candidat sérieux ne vient concurrencer en interne le leadership du président sortant.
Les « petits » candidats : Robert Kennedy Jr et Marianne Williamson
Robert Kennedy Jr, fils de l’ex-ministre de la justice Robert Kennedy et neveu du président John Fitzgerald Kennedy, a déclaré sa candidature pour l’investiture démocrate lors d’un rassemblement organisé à Boston (Massachusetts), mercredi 19 avril. Agé de 69 ans, cet avocat spécialiste des questions environnementales est un personnage controversé. Et pour cause : depuis 2005, il est connu pour être un activiste et porte-parole des théories complotistes sur les vaccins, liant notamment l’autisme à l’un de leurs composants.
Marianne Williamson, 70 ans, s’est lancée le 4 mars dans la course à l’investiture du Parti démocrate pour l’élection de 2024, après avoir été brièvement candidate lors de la précédente présidentielle. Autrice de livres à succès sur la spiritualité et le développement personnel, elle est notamment connue pour avoir été la conseillère spirituelle d’Oprah Winfrey, et se fait régulièrement remarquer pour ses envolées lyriques sur le pouvoir de « l’amour ». Durant ses quelques mois de campagne en 2019-2020, elle avait défendu la création d’un département d’Etat à la paix, fait la promotion de méthodes de soins douteuses et dénoncé le succès de M. Trump comme le « symptôme » du mal-être de l’Amérique.
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